SYNDROMES PARKINSONIENS
L'hypothèse de la perméabilité intestinale
La dernière décennie a fait émerger une origine extracérébrale du processus pathologique de la maladie de Parkinson (MP).
En effet plusieurs arguments expérimentaux, cliniques et épidémiologiques ont montré une implication précoce du tube digestif dans le processus parkinsonien.
J.F. Baizabal-Carvallo et M. Alonso-Juarez, deux auteurs mexicains, ont rédigé une revue générale dans Neuroscience sur le rôle de la dysbiose intestinale.
Le modèle de Braak suggère une propagation de l’α-synucléine agrégée via les nerfs glossopharyngien, vague et olfactif. Les études épidémiologiques ont montré une diminution du risque chez les patients ayant eu une vagotomie ou une appendicectomie précoce.
Des dépôts d’α-synucléine peuvent être présents dans le système nerveux entéral (SNE). Dans des modèles animaux, il est possible d’observer des anomalies du tronc cérébral après injection d’α-synucléine dans le tube digestif.
L’α-synucléine peut diffuser dans le système nerveux entéral puis central par un mécanisme de type prion avec troncation par de nombreuses protéases comme la caspase 1 ou les métalloprotéinases. Mais quel est le primum movens ?
L’α-synucléine agrégée est présente dans le SNE chez le sujet sain et peut être up-régulée par des infections virales ou bactériennes.
Une des hypothèses en vogue est de considérer que le microbiote pourrait être source d’inflammation et d’augmentation de la perméabilité intestinale.
Certaines souches d’E. Coli peuvent produire des protéines de type amyloïde, un dépôt d’α-synucléine et une activation microgliale, astrogliale.
De même, la libération de produits métaboliques au niveau intestinal peut accélérer la neurodégénérescence.
Plusieurs études ont identifié une augmentation systémique des cytokines inflammatoires et des marqueurs de stress oxydatif. De même, des anomalies similaires existent au niveau du LCR sans que l’on sache si ces anomalies sont cause ou conséquence.
Qu’en est-il de la composition du microbiote ? Celui-ci dépend des habitudes alimentaires et du patrimoine génétique. Chez les patients PK, il existe plus de cas de SIBO "Small Intestinal Bacterial Overgrowth". Le lactobacillus est plus fréquent (rôle dans la constipation ?). Le phage lactococcus, très présent dans les produits laitiers, augmente la dopamine au niveau intestinal. Le café pourrait intervenir en augmentant la concentration de bifidobacterium, diminuant ainsi les bactéries gram – et la production de lipolysaccharide (LPS).
Cette volumineuse revue générale précise aussi les nombreux éléments en faveur de la neuroinflammation et de l’augmentation de la perméabilité intestinale, que l’on ne peut détailler dans le cadre de cette revue.
Date de publication : 17 mars 2020