Didier Raoult écrit ainsi qu’« une des modes qui s'est développée récemment dans la recherche sur la santé consiste à trouver des coïncidences entre des modes de vies ou des risques présumés, d'une part, et des maladies et des variations de l'espérance de vie, de l'autre ».
« Cette approche est peu fiable car basée sur des interrogatoires : dans les faits, il arrive souvent que les humains oublient, éludent ou mentent. La science en montre de nombreux exemples ! Il existe ainsi une différence notable - du simple au double ! - entre la quantité d'alcool consommée selon que l'on se réfère aux interrogatoires ou aux ventes de bouteilles. Le nombre de partenaires sexuels déclarés par les sujets hétérosexuels varie lui aussi du simple au double entre les hommes et les femmes, ce qui rend les études en ce domaine pour le moins hasardeuses… », rappelle le spécialiste.
Il remarque en outre que « les études sur les pathologies chroniques […] sont censées porter sur plusieurs années, or les comportements sont variables dans le temps et la mémoire de ce que l'on mangeait, buvait, fumait ou faisait 10 ou 30 ans auparavant est des plus déficientes ».
« Ce problème s'aggrave du fait que les gradients sont le plus souvent ignorés dans le traitement statistique des données : des consommations extrêmes sont traitées de la même façon que des consommations modestes », continue le Pr Raoult.
Il note que « ces analyses massives, faites sur des données peu fiables, amènent à créer des alertes régulières sur des risques - ou au contraire à annoncer de prétendus bénéfices - pour la santé qui ne pourront jamais être vérifiées mais auront conforté les uns et les autres dans leur opinion sur les méfaits ou les bienfaits de tel ou tel comportement. Ou dans leur conviction que la science ne veut rien dire ! ».