Erreurs médicales, il faut que çà se sache.
« Erreurs médicales : la fin d'une omerta ? » Erreur de dosage, membre opéré à la place d'un autre, confusion d'identité…... des chiffres : à peu près à 61.000 morts chaque année. C'est 20 fois plus que les accidents de la route…. il y a un corporatisme extrêmement puissant. Ils admettent rarement leurs fautes, aidés par certains experts judiciaires. Le déni quasi systématique des médecins.
la fin d'une omerta ?
C’est ce que titre Le Parisien sur sa Une, qui note qu :
« en France, le nombre d’erreurs médicales reste largement sous-évalué. Les associations montent au créneau ».
 
Le journal remarque ainsi sur une double page : « A quand une vraie transparence ? », relevant que « les médecins doivent désormais déclarer les «événements graves». Mais les chiffres, que nous révélons à l'occasion de la Semaine de la sécurité des patients, sont minimisés ».
Elsa Mari s’interroge : « Erreur de dosage, membre opéré à la place d'un autre, confusion d'identité... Va-t-on vers plus de transparence sur le nombre d'erreurs médicales en France ? Depuis mars, les professionnels de santé ont l'obligation de déclarer «tout événement grave indésirable associé aux soins» ».
« En 8 mois […] seulement 1153 signalements ont été effectués sur le portail dédié. Un premier pas. Mais on est loin, très loin, de l'estimation avancée par le Lien, une association de conseil aux victimes qui fait état de 60.000 décès par an en France et demande des statistiques précises afin de briser l'omerta », relève la journaliste.
Elsa Mari observe que « ce chiffre n'étonne pas vraiment Sadek Beloucif, président du Syndicat national des médecins et chirurgiens des hôpitaux publics (Snam-HP) ». Le responsable rappelle qu’« une étude américaine de 2016 estimait le nombre de morts liées aux erreurs médicales à 251.000 par an aux Etats-Unis. Si on extrapole, il y en aurait au moins 51.000 en France. La plupart dues à un manque de communication ».
La journaliste indique que « le ministère de la Santé, lui, préfère, ne pas se prononcer sur ces estimations : «Il n'existe pas de données sur le sujet», nous rétorque-t-on, tout en reconnaissant que le nombre de 1153 signalements ne «concorde pas avec les chiffres de l'enquête Eneis» ».
Elsa Mari note ainsi que cette enquête « évaluait, en 2009, le nombre «d'événements indésirables graves» entre 250.000 et 450.000 par an dans les hôpitaux et cliniques françaises. «On va la réactualiser pour avoir des chiffres qualifiés d'ici 2019. Pour la première fois, les maisons de retraites seront prises en compte», promet le ministère, qui veut aussi que le patient devienne davantage acteur ».
La journaliste souligne que « c'est le thème qui a été choisi pour cette Semaine de la sécurité qui s'achève demain. L'idée : ne plus subir sans rien dire, sur une table d'opération, mais oser poser des questions. «Demandez au chirurgien s'il s'est bien lavé les mains avant l'intervention», incite le ministère. Des tables rondes, conférences et «chambres de l'erreur» y sont organisées. Dans un bloc opératoire, des pièges ont été tendus. Mauvais branchement, matériel à vérifier... Aux professionnels de les dénicher ».
Sadek Beloucif remarque ainsi qu’« aujourd'hui, ils comprennent qu'ils ne doivent plus cacher leurs erreurs ». Elsa Mari continue : « Une prise de conscience, certes, mais qui ne semble pas assumée devant les tribunaux selon l'avocat Edouard Bourgin, spécialiste de ces questions. Il dénonce des procédures kafkaïennes, dues à un «déni quasi systématique» des médecins ».
L’avocat déclare qu’« il y a un corporatisme extrêmement puissant. Ils admettent rarement leurs fautes, aidés par certains experts judiciaires. […] On arrive sûrement davantage à se faire entendre, surtout au civil, mais le chemin est encore long ».
Le Parisien publie un entretien avec Claude Rambaud, vice-présidente de l'association Le Lien, qui déclare : « Les données sont rares et floues mais, d'après mes estimations, on approche les 60.000 décès par an. Selon l'OMS, un patient hospitalisé sur 300 décède d'un accident médical. […] Il faut rajouter un autre chiffre : 18.000 personnes, issues de la médecine de ville, décéderaient chaque année, victimes d'une erreur médicamenteuse selon un rapport du Sénat. Il s'agit de traitements inappropriés, mal dosés, mal suivis par les médecins. On arrive donc à peu près à 61.000 morts chaque année. C'est 20 fois plus que les accidents de la route et, selon mes calculs, cela pourrait être la 3e cause de mortalité dans notre pays ».
La responsable constate qu’« il n'y a aucune volonté politique. C'est un sujet tabou. Quand je dis qu'il y a 60.000 morts, aucune société savante ne monte au créneau pour affiner ce chiffre ou le remettre en question. Mon but n'est pas d'accuser les médecins ni de chercher des coupables. On veut seulement mieux combattre ce problème ».
Claude Rambaud souligne notamment : « On attend depuis dix ans un dossier médical partagé, commun à tous les spécialistes. […] On voudrait que chaque hôpital et clinique répertorie son nombre de morts par spécialité, par exemple en chirurgie de l'œsophage. Cela permettrait de faire des comparaisons. Pourquoi meurt-on ici plus qu'ailleurs ? Est-ce parce que cet hôpital accueille davantage de patients difficiles ? Il faut ouvrir le débat, faire tomber l'omerta ».
La responsable remarque que « la fatigue, le surmenage, le manque de personnel jouent un rôle important alors même que la médecine est terriblement complexe. La plupart du temps, les bonnes pratiques comme la check-list au bloc opératoire ne sont pas respectées. Beaucoup de traitements sont aussi reconduits à l'aveugle. La rupture des tâches, lorsqu'on est dérangé, est une cause majeure. C'est pour cela que les patients doivent être attentifs et ne pas hésiter à observer, interroger les médecins s'ils ont un doute ».
Le Parisien donne en outre la parole à un patient de 68 ans, souffrant d’arthrose, « victime d’une erreur médicale » en 2014, dans un article intitulé : « Monsieur, je vous ai opéré de la hanche droite au lieu de la gauche ».
Bertrand déclare notamment : « Ma cuisse était rasée, ma hanche désinfectée, prête à être opérée. Comment ce médecin a-t-il pu se tromper ? Comment est-ce possible ? ». Le journal évoque en effet « une prothèse de la hanche posée du mauvais côté » et note que « le chirurgien, abattu, lui propose aussitôt de le réopérer le lendemain à l'aube. Le retraité accepte. Mais son corps ne supportera pas deux anesthésies générales en 24 heures ».
« Pour le réopérer à gauche, le docteur doit le positionner sur le flanc droit, là où se trouve sa cicatrice fraîche de la veille. Le lendemain de l'intervention, Bertrand ressent une douleur indicible. Soulève son drap et découvre, effaré, sa jambe violette, de la taille d'un tronc d'arbre. Il est victime d'une hémorragie », continue Le Parisien.

Date de publication : 23 Novembre 2017
 
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