Vaccination (suite) : une leçon californienne pour la France (liberté de parole tout le monde se tait !)
C’est ce que titre Les Echos, qui fait savoir que « la Californie a adopté, il y a 2 ans, une loi interdisant toute exemption de vaccination pour raisons personnelles et religieuses, que de nombreux parents utilisaient pour que leurs enfants échappent aux vaccins obligatoires dans l'Etat. Mais, souligne le Los Angeles Times, «le nombre d'exemptions pour raisons médicales a fortement augmenté. D'une façon douteuse» ». Le journal relève ainsi que
« certes, la vaccination en Californie, qui a rendu obligatoires les vaccins contre la rougeole, la polio et d'autres maladies dès le jardin d'enfants et la maternelle, est dans l'ensemble parvenue à un niveau satisfaisant. Mais, d'après les experts, le pourcentage normal est d'environ 3% des enfants scolarisés qui ne sont pas vaccinés pour motifs médicaux ».
« Or, dans 58 écoles privées, ce taux monte à plus de 10% et dans certaines jusqu'à 25%. Depuis la nouvelle loi, le nombre d'exemptions médicales en Californie a triplé. Ce qui laisse planer un doute sur les certificats de complaisance », explique le quotidien.
Les Echos indique qu’
 
« en 2016, les autorités de l'Etat ont lancé des poursuites contre un médecin […] qui avait publiquement exprimé son opposition à la vaccination. Pour le [Los Angeles Times], il existe des mesures à prendre comme de rendre publics les abus. Une clinique qui offrait des certificats pour 200 dollars a été obligée ainsi de faire marche arrière ».
« De plus, il faudrait clarifier la liste des «raisons médicales valables». Pour le journal, les autorités médicales doivent surveiller ce phénomène afin de s'assurer qu'en interdisant les exemptions pour raisons personnelles elles n'ont pas ouvert une autre possibilité. Une leçon californienne à retenir pour la France »,
 
 conclut Les Echos.
De son côté, Le Figaro s’interroge : 
 
« Y a-t-il des vaccins obligatoires qui sont inutiles ? », et livre un avis d’expert, celui du Dr Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à Santé publique France, qui 
 
« revient sur l’intérêt des vaccinations contre le méningocoque de type C, le pneumocoque et l’hépatite B ».
Le spécialiste déclare notamment qu’
 
« historiquement, la vaccination contre l’hépatite B a d’abord été recommandée aux groupes présentant un risque élevé de contamination, comme les toxicomanes par voie intraveineuse et les sujets à partenaires multiples. En 1991, elle est devenue obligatoire en France pour les professionnels de santé, ce qui a permis la disparition quasi totale des hépatites B nosocomiales ».
« Malheureusement, en dehors des professionnels de santé, cette stratégie s’est rapidement révélée être un échec, d’une part à cause de la faible adhésion à cette vaccination parmi les personnes à risque et, d’autre part, à cause de la rapidité avec laquelle elles se contaminent », 
 
 
relève-t-il.
Le Dr Lévy-Bruhl note que 
 
« ce constat partagé par les pays a conduit l’OMS en 1992 à recommander la vaccination contre l’hépatite B des enfants dans tous les pays du monde. Pour des pays de faible prévalence de l’hépatite B comme la France, l’OMS préconisait de vacciner soit les nourrissons, soit les préadolescents, soit les deux ».
Il souligne que 
 
« l’OMS a indiqué qu’environ 90% des personnes vaccinées demeurent protégées pendant au moins 30 ans. Les données disponibles montrent clairement qu’il n’y a pas d’hépatite B chronique chez des personnes qui ont été vaccinées dans l’enfance et qui ont répondu à la vaccination ».
Le Dr Lévy-Bruhl remarque en outre que 
 
« le problème du pneumocoque est qu’il s’agit d’une bactérie qui existe sous plus de 90 formes différentes, qu’on appelle «sérotypes». En 2003, on a commencé à vacciner contre 7 de ces formes. Dans beaucoup de pays, et particulièrement en France, le vaccin s’est révélé très efficace, avec une réduction spectaculaire des infections invasives attribuées aux sérotypes qui étaient présents dans le vaccin ».
Le spécialiste explique que 
 
 
« ces bactéries, qui vivent dans la gorge des enfants et qui peuvent provoquer des méningites, ont été détruites par le vaccin. Le problème, c’est que d’autres pneumocoques sont venus «coloniser» la gorge des enfants. Les scientifiques savaient que cela allait arriver, mais l’hypothèse était faite que ces nouveaux pneumocoques seraient moins dangereux. Malheureusement, certains l’ont été tout autant que les précédents ».
« Par conséquent, alors que nous avions une couverture vaccinale de plus de 80% en France, la réduction du nombre de cas de méningite n’a été que de 30%. La baisse a donc été moins importante qu’espérée. Le nombre total de cas dans l’ensemble de la population a même légèrement augmenté entre 2003 et 2009 », 
 
 
observe-t-il.
Il remarque qu’
 
« à partir de 2010, un nouveau vaccin a été rendu disponible : le Prévenar 13. Comme son nom l’indique, celui-ci protège contre 13 sérotypes de pneumocoques et inclut les sérotypes le plus souvent responsables du phénomène de remplacement que j’ai évoqué. Ce vaccin a permis de réduire la fréquence des méningites, des pneumonies et des septicémies à pneumocoque à tous les âges ».
Le Dr Lévy-Bruhl rappelle enfin qu’
 
« aujourd’hui, les infections invasives à méningocoque en France sont rares et sont responsables d’environ 500 cas par an. Cependant, elles peuvent être très graves, puisque plus d’une personne infectée sur dix en décédera, et plus d’une personne sur cinq en gardera des séquelles à vie (atteintes cérébrales, auditives, amputation des membres) ».
« La vaccination contre le méningocoque C a été introduite en France en 2010, sous la forme d’une injection unique chez les enfants de 1 an, avec un rattrapage recommandé jusqu’à 24 ans. L’incidence des infections à méningocoque C a augmenté entre 2010 et 2014, en particulier chez les nourrissons, très vraisemblablement à cause d’une recrudescence épidémique que la couverture vaccinale insuffisante n’a pas pu contrôler », 
 
note le spécialiste.
Date de publication : 10 Novembre 2017
 
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