« TROIS IDEES REÇUES SUR LE CANCER DU SEIN »
« Le cancer du sein a presque doublé entre 1980 et 2005 ! ! ! ! » L’impact de l’environnement sur la survenue de cancers ne fait plus de doutes. Damien Mascret note dans Le Figaro que « comme chaque année, le congrès de la Société française de sénologie et pathologie mammaire a rassemblé les meilleurs experts français du cancer du sein, avec cette année un fil rouge qui montre le souci de renouer le lien, parfois si distendu, entre experts et grand public : les idées reçues en médecine ».
Le journaliste en évoque ainsi trois, à commencer par :
 « Certains aliments réduisent le risque de cancer du sein ». 
Il remarque : 
« Vous pensiez peut-être pouvoir éviter un cancer du sein en mangeant régulièrement du chou, du curcuma ou des graines de lin. Rien n’est moins sûr. En réalité, la biologie des cellules normales ou devenues cancéreuses (carcinogenèse) est bien trop complexe pour être ainsi réduite à un aliment miracle ».
 
Le Pr Laurent Zelek, oncologue médical au CHU Avicenne (Bobigny), explique que :
 « quand on parle de mode de vie et d’alimentation, on est dans un modèle de carcinogenèse qui est très différent de ce qu’on connaît par exemple dans le cancer bronchique où on a un carcinogène évident qui est le tabac ».
 
Damien Mascret observe que 
« la prolifération d’ouvrages grand public et d’articles à la gloire de tel ou tel produit laisse pourtant croire le contraire ». 
 
Le Pr Zelek souligne qu’
« il est absolument illusoire d’imaginer qu’on va arriver à redresser des mécanismes aussi complexes sur une maladie aussi hétérogène (de causes multiples, NDLR) avec un aliment miraculeux ».
 
Le journaliste cite l’Institut du cancer (Inca), qui indiquait en 2015 dans une brochure : 
« Il s’agit d’équilibrer globalement ses consommations en privilégiant ce qui protège et en réduisant ce qui peut contribuer à l’apparition d’un cancer ».
« Ce qui signifie, pour l’Inca, qu’il faut à la fois limiter sa consommation d’alcool, ne pas consommer plus de 500 g de viande rouge par semaine, se méfier du sel des charcuteries, plats tout préparés ou produits d’apéritif, et manger 5 portions de fruits et légumes par jour, privilégier les aliments riches en fibres, tout en consommant 3 portions de produits laitiers », 
continue Damien Mascret.
 
Le Pr Zelek ajoute : 
« On a beaucoup parlé du lait, en disant que c’était très mal, qu’il fallait éviter le lait de vache, rappelle. Eh bien, contrairement à ce qu’on avait imaginé, les produits laitiers ont un petit effet protecteur en préménopause ».
 
Damien Mascret aborde cette autre « idée reçue » : 
« Si le dépistage organisé par mammographie était efficace, on verrait moins de cas de cancers avancés au moment du diagnostic ».
 
 Le Dr Philippe Autier, épidémiologiste à l’International Prevention Research Institute (Lyon), remarque que :
« l’objectif du dépistage de tous les cancers, c’est d’abord et avant tout de prévenir les cancers avancés, donc les détecter à un stade curable. C’est ce qu’on a effectivement observé avec le dépistage du cancer du col utérin et le cancer colorectal… mais on n’a rien vu de tel avec le cancer du sein ».
 
De son côté, le Dr Florence Molinié, responsable du registre des cancers de Loire-Atlantique (CHU de Nantes), déclare qu’
« on ne peut pas dire que toutes les données vont dans le même sens. Il y a quand même des études qui montrent une diminution de l’incidence des cancers du sein avancés »,
 
 tandis que le Dr Luc Ceugnart, radiologue au Centre Oscar Lambret de Lille, observe : 
« Ce que propose le Dr Autier, c’est de revenir à l’autodépistage, ce qui veut dire attendre que les cancers aient suffisamment évolué pour devenir palpables, donc avec moins de chance de guérison et des traitements plus lourds ».
 
Et le Dr Bruno Cutili, cancérologue radiothérapeute (Reims) et président de la SFSPM, souligne : 
« On parle toujours du surdiagnostic avec la mammographie, mais jamais du sous-diagnostic et du sous-traitement. Or, s’il y a 5 à 6% de formes métastatiques d’emblée au moment du diagnostic, c’est qu’il y a aussi malheureusement des femmes qui ont attendu ou ont négligé leurs symptômes. Ne l’oublions pas ! ».
 
Damien Mascret évoque enfin cette dernière « idée reçue » : 
« L’environnement (pesticides, radioactivité, travail de nuit…) joue un rôle important dans l’apparition des cancers ». 
 
Le Dr Karine Hannebicque, gynécologue-obstétricien au Centre Oscar Lambret de Lille, indique que : 
« l’incidence du cancer du sein a presque doublé entre 1980 et 2005, et cette augmentation ne peut pas être expliquée seulement par :
- la généralisation du dépistage, 
- le vieillissement de la population, 
- les facteurs de risque connus du cancer du sein ou 
- par les modifications du mode de vie. 
- L’impact de l’environnement sur la survenue de cancers ne fait plus de doutes ».
« Toute la question est de savoir dans quelles proportions », 
observe le journaliste.
 
 
Date de publication : 14 Novembre 2017
 
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