AFFAIRE LEVOTHYROX : présence d'impuretés vendredi 5 octobre 2018 conférence de presse annulée POURQUOI ?

AFFAIRE LEVOTHYROX : présence d'impuretés dans la nouvelle formule vendredi 5 octobre 2018 conférence de presse annulée IMBROGLIO. Un chimiste toulousain aurait découvert la présence d'impuretés dans la nouvelle formule du Levothyrox commercialisée à partir de mars 2017, a annoncé Médiacités jeudi 4 octobre 2018. D'après le scientifique, cet élément non-identifié pourrait être à l'origine des effets secondaires dont se sont plaints certains malades.
C'est en épluchant le rapport sur la composition dudit médicament réalisé par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)publié en juillet 2018 que Jean-Christophe Garrigues, chercheur au CNRS, a été surpris. L'ANSM avait alors conclu que 
" les contrôles sur la composition de Levothyrox nouvelle formule ont confirmé sa bonne qualité".
Mais en examinant les chromatogrammes (l'analyse des constituants d'un mélange) fournis dans le rapport, le chercheur a découvert un pic d'élément chimique dans la nouvelle formule qui n'existait pas dans l'ancienne. Il s'étonne dès lors que l'ANSM n'ait pas cherché à en savoir plus sur cette anomalie. D'après lui, il est impossible que l'Agence ne l'ait pas remarquée. 
"On n'a pas la quantité exacte de cet élément impur, qui dépasse l'échelle du chromatogramme, a déclaré Jean-Christophe Garrigues à Médiacités. C'est d'autant plus inquiétant que des quantités infinitésimales dérèglent le traitement."

AFFAIRE LEVOTHYROX. 
Le Levothyrox est préconisé dans le traitement d'affections thyroïdiennes comme l'hypothyroïdie. La nouvelle formule du médicament a été réclamée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) au laboratoire allemand Merck en 2012 afin de rendre le produit plus stable dans le temps. 
Le changement ne porte pas sur le principe actif, la levothyroxine, mais sur d'autres substances, les excipients : 
le lactose a été remplacé par du mannitol et de l'acide citrique. 
Près de 24.000 patients se sont cependant rapidement plaints d'effets secondaires. Face à leur colère, les autorités de santé ont tâché de mettre à disposition d'autres traitements, alors que le Levothyrox était en situation de quasi-monopole, conduisant un tiers d'entre eux à changer de médicament, d'après l'association Vivre sans thyroïde. 
Des patients mécontents ont également entamé plusieurs procédures en justice pour tromperie aggravée, blessure involontaire et mise en danger d'autrui.

L'ANSM a rapidement répondu au scientifique :
 " il s’agit d’une zone non interprétable car le chromatogramme étudiait deux composés en particulier, la lévothyroxine et la dextrothyroxine. Nos autres études ont toutes montré la bonne conformité de la composition du Levothyrox." 
Interrogé par Médiacités, le laboratoire Merck a rappelé qu'il était courant de voir de tels pics dans ce genre d'expérience :
 " nous n’avons pas le détail du protocole d’analyse suivi par l’ANSM et nous ne pouvons par conséquent pas interpréter ces pics. Pour autant, il est normal d’observer dans ce type d’analyse différents pics, qui sont inhérents à la méthode, et ne sont pas de nature à remettre en cause la qualité du produit."

Une conférence de presse annulée
Pour en savoir plus, Jean-Christophe Garrigues a refait ses propres analyses sur la composition des cachets de Levothyrox dans son laboratoire de chimie à Toulouse, grâce au financement de l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT). Il a ainsi comparé l'ancienne formule du médicament, la nouvelle commercialisée à partir de mars 2017 et celle que l'on trouve aujourd'hui en pharmacie. D'après ses résultats, la nouvelle mouture du Levothyrox contiendrait bien des éléments chimiques inconnus susceptibles de déclencher des effets secondaires indésirables, contrairement à l'ancienne formule. 
Le chercheur avance même que ces éléments chimiques "impurs" seraient encore présents dans la version du médicament actuellement distribuée en pharmacie mais en moindre quantité. 
Ceci l'amène à penser que le laboratoire Merck aurait modifié la composition de sa nouvelle formule "en douce" lorsque le scandale a éclaté.
Coup de théâtre. Jean-Christophe Garrigues devait présenter ses résultats vendredi 5 octobre 2018 à l'Université Paul Sabatier de Toulouse à l'occasion d'une conférence de presse mais le CNRS l'a annulée le matin même.
 " Le CNRS et l’université Toulouse III Paul Sabatier ont demandé l’annulation d’une conférence de presse consacrée à des analyses du Levothyrox, prévue ce vendredi 5 octobre à Toulouse, s'explique-t-il dans un communiqué. En effet, les résultats annoncés par Jean-Christophe Garrigues, ingénieur de recherche au CNRS, n’ayant pas été validés par le processus d’évaluation par les pairs propre à la communauté scientifique, le CNRS considère qu’ils ne constituent pas en l'état actuel des faits scientifiques." 
Le CNRS va même jusqu'à se désolidariser totalement des recherches menées par le chimiste sur le Levothyrox : 
" bien que Jean-Christophe Garrigues ait effectué ces mesures en utilisant les équipements du laboratoire des Interactions Moléculaires et Réactivités Chimiques et Photochimiques (IMRCP), celles-ci ne sont liées en aucune façon à une quelconque activité de recherche de son équipe ou du laboratoire. En tant qu’employeur, le CNRS considère que l’agent n’a pas respecté la déontologie scientifique indispensable pour valider toute recherche. Ces analyses ont d’ailleurs été réalisées hors conventionnement. Ni les tutelles, le CNRS et l’université Toulouse III Paul Sabatier, ni l’IMRCP n’ont été impliqués dans les analyses conduites par Jean-Christophe Garrigues, dont ils n'étaient pas même informés." 
Le CNRS conclut le communiqué en appelant les laboratoires compétents dans le domaine à travailler dans l’élucidation des questions soulevées par lesdits résultats.
 
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