LA PRISE ORALE D'ANTIBIOTIQUE EST UN FACTEUR DE RISQUE DE LITHIASE
Par le Dr Pierre Bataille (Hôpital Docteur Duchenne - Boulogne-sur-Mer) L’incidence de la maladie lithiasique a presque doublé au cours de ces 30 dernières années et de nombreuses explications ont été proposées telles que l’épidémie du diabète, de syndrome métabolique et de l’obésité caractérisant les sociétés occidentales.
Les auteurs de ce travail épidémiologique proposent une autre explication, à savoir l’augmentation de la consommation des antibiotiques. 
 
En se basant sur les données d’un registre britannique (THIN, The Health Improvement Network), les auteurs ont étudié le lien statistique entre le recours aux antibiotiques et la survenue d’un calcul dans une population de 13,8 millions d’habitants suivis par 641 généralistes répartis sur toute l’Angleterre entre 1999 à 2015.
 
Cette étude a reposé sur les données d’un fichier très précis détaillant les diagnostics, le recours au système de santé (consultations et hospitalisations) et les traitements reçus.
 
-        25.981 patients pour lesquels le diagnostic de néphrolithiase avait été retenu par le médecin traitant ont été comparés à 259.797 témoins appariés selon l’âge, le sexe et le médecin qui assurait le suivi (10 témoins pour un cas index).
 
Le facteur de risque recherché était la prise orale d’antibiotiques dans une période de 3 à 12 mois précédant le diagnostic de néphrolithiase.
 
Les données ont bien sûr été corrigées pour un très grand nombre de facteurs confondants.
 
L’analyse a été faite en distinguant les différentes classes d’antibiotiques.
 
Comme on peut le voir dans le tableau suivant les prises : 
 
-        de sulfamides,
 
-        de céphalosporines,
 
-        de fluroquinolones,
 
-        de pénicillines à large spectre
 
-        et de nitrofurantoine
 
sont associées au risque de développer un calcul.
 
modèle A : prise en compte de la présence de pathologies associées (diabète, mucoviscidose, goutte, obstruction des voies excrétrices, maladies inflammatoires digestives), des médicaments (anti-protons, thiazidique, statines, diurétiques de l’anse).  modèle B : modèle et  ajustement pour la prise d’autres antibiotiques dans la fenêtre d’observation ( 3 à 12 mois) ; modèle C : modèle A et analyse en fonction de chaque antibiotique utilisé ; OR, risque relatif
 
Pour ces différents antibiotiques, le calcul statistique montre que le lien entre prise d’antibiotique et survenue d’un calcul est particulièrement marqué pour les enfants.
 
Lorsque l’on regarde le délai entre la prise d’antibiotique et la date du diagnostic de néphrolithiase, la probabilité d’un lien de cause à effet est maximale pour les expositions les plus récentes mais persistent parfois jusqu’à 5 ans.
 
 
 
Risque relatif de calcul d’autant plus important qu’on est proche de la consommation de l’antibiotique.
 
 
 
Enfin pour éviter les biais d’indications, il faut préciser que lorsque la notion de lithiase infectieuse ou vésicale était connue, une modélisation complémentaire excluant le patient a été faite. Cette analyse complémentaire ne modifiait pas le lien statistique qui persistait pour les différents antibiotiques.
 
 
 
Les auteurs suggèrent que la prise d’antibiotique modifie le microbiote dans un sens favorisant la formation de calculs.
 
 
 
En effet, après une antibiothérapie, l’oxalobacter formigenes et les espèces bactériennes apparentées seraient détruites, ce qui réduirait la consommation d’oxalates dans la lumière digestive en favorisant l’absorption et une excrétion accrue dans les urines.
 
 
 
La sursaturation urinaire en oxalate de calcium favoriserait la lithogenèse.
 
 
 
Les modifications du microbiote pourraient avoir d’autres conséquences biologiques favorisant également la formation de calculs urinaires.
 
 
 
Le métabolisme des citrates et de l’équilibre acido-basique pourrait modifier le ph urinaire et l’excrétion des citrates.  
 
 
 
La reconstitution d’un microbiote origine nécessite un certain temps.
 
Ce délai rendrait compte de la persistance du lien statistique entre consommation d’antibiotiques et risque de lithiase sur près de 5 ans.
 
 
 
Cette étude a cependant quelques limites telles que l’absence de données sur la nature des calculs formés et la préexistence d’une éventuelle lithiase.
 
 
 
En pratique, des études complémentaires expérimentales sont indispensables pour connaître les mécanismes intimes reliant prise d’antibiotique et formation de calcul.
 
 
 
Il serait intéressant de savoir si les facteurs de risque lithogènes tels que la citraturie, l’oxalurie, la calciurie et le ph urinaire sont modifiés après la prise d’antibiotique.
 
 
 
Ces données physiopathologiques permettraient à terme de proposer des mesures préventives à mettre en place après la consommation d’antibiotiques telles que :
 
-        la prise de pro-biotiques,
 
-        la réduction de la consommation des aliments riches en oxalates
 
-        et l’augmentation de la diurèse. 
 
 
 
Date de publication : 7 juin 2018
 
 
 
https://www.nephro.fr/index.php?pageID=540273c946c47babaf29b5e77c98275d&from=newsletter&id_categorie=2594&midn=10800&nuid=medi_2_74
 
 
 
 
 
§  calculs rénaux
 
§  coliques néphrétiques
 
§  pyélonéphrite chronique
 
 
 
Les calculs rénaux : sont des formations semblables à des pierres se développant au niveau des reins, du bassinet et des voies urinaires.
 
Ils résultent de la cristallisation de substances normalement évacuées avec l’urine.
 
 
 
Les calculs constitués d’oxalate de calcium sont les plus fréquents.
 
On rencontre plus rarement des calculs constitués de phosphate de calcium, de cystine ou d’acide urique.
 
Les hommes sont touchés environ deux fois plus souvent que les femmes.
 
 
 
Causes
 
Facteurs favorisant la formation de calculs :
 
•    Alimentation (trop riche en protéines animales et en graisses)
 
•    Excrétion accrue d’acide oxalique provoquée par la consommation d’aliments contenant de l’oxalate (rhubarbe, betterave rouge)
 
•    Volume urinaire trop faible (apport en liquides insuffisant ou pertes de liquide par la transpiration), cause principale conduisant à des calculs calciques
 
•    Infections répétées des voies urinaires
 
•    Maladies métaboliques
 
•    Malformations ou rétrécissements des voies urinaires
 
•    Manque d’efforts physiques
 
•    Perte de poids importante
 
 
 
Troubles (symptômes)
 
Lorsque les calculs se détachent du bassinet, puis restent bloqués au niveau de l’uretère, des douleurs intenses se manifestent : on parle alors de coliques néphrétiques.
 
 
 
Symptômes dune colique néphrétique:
 
•    Douleurs violentes à type de crampe, évoluant par vagues et irradiant dans le dos et le flanc
 
•    En cas de calculs situés en profondeur, les douleurs peuvent irradier jusqu’aux parties génitales.
 
•    Nausées et vomissements
 
•    Absence de selles et de gaz (occlusion intestinale réflexe)
 
•    Diminution du volume d’urine
 
•    Sang dans l’urine dans près d’un tiers des cas (calcul ayant provoqué une lésion de la muqueuse des voies urinaires)
 
Si les calculs restent bloqués dans le bassinet, ils peuvent se compliquer de pyélonéphrite chronique.
 
 
 
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